Avez-vous déjà remarqué cette particularité du français ? Lorsque nous voulons connaître l’heure, nous demandons naturellement « Quelle heure est-il ? » et non « Quelle heure est-elle ? » Pourtant, le mot « heure » est bel et bien féminin.

Cette curiosité linguistique interpelle souvent les apprenants du français et mérite qu’on s’y attarde.
L’heure, un mot féminin mais un pronom masculin
En français, le mot « heure » est effectivement féminin. Nous disons bien « une heure », « la première heure », « cette heure-ci ». Logiquement, on pourrait donc s’attendre à ce que le pronom qui la remplace soit « elle ». Mais non ! C’est le pronom masculin « il » qui s’impose dans l’expression « Quelle heure est-il ? »
L’explication historique et grammaticale
Cette apparente contradiction s’explique par l’évolution de la langue française et par un phénomène grammatical particulier. En réalité, le pronom « il » dans cette expression n’est pas un pronom personnel qui remplacerait le mot « heure », mais plutôt un pronom impersonnel.
Le pronom impersonnel « il »
Le « il » de « Quelle heure est-il ? » fonctionne comme dans d’autres expressions impersonnelles :
- « Il pleut »
- « Il faut partir »
- « Il est tard »
- « Il est minuit »
Dans tous ces cas, le pronom « il » ne renvoie à aucun élément précis. Il s’agit d’un sujet grammatical obligatoire en français, mais qui n’a pas de référent concret.
Une construction héritée du latin
Cette particularité remonte aux origines latines du français. En latin, on utilisait déjà des constructions impersonnelles pour exprimer l’heure. L’expression française s’est calquée sur ce modèle, conservant le caractère impersonnel de la formulation.
Pourquoi pas « elle » alors ?
Si nous tentions de dire « Quelle heure est-elle ? », nous créerions une ambiguïté. Cette formulation laisserait entendre que nous parlons d’une heure spécifique déjà mentionnée dans le contexte, comme si nous demandions « Cette heure-là, quelle est-elle ? » Il s’agirait alors d’une question sur l’identité d’une heure particulière, et non d’une demande générale sur l’heure qu’il est.
D’autres langues, d’autres logiques
Cette particularité n’est pas universelle. D’autres langues romanes ont fait des choix différents :
- En espagnol : « ¿Qué hora es? » (littéralement « Quelle heure c’est ? »)
- En italien : « Che ore sono? » (littéralement « Quelles heures sont-elles ? »)
- En portugais : « Que horas são? » (littéralement « Quelles heures sont-elles ? »)
Chaque langue a développé sa propre logique pour exprimer cette notion temporelle fondamentale.
Une règle bien ancrée
Aujourd’hui, « Quelle heure est-il ? » est la seule formulation correcte et naturelle en français standard. Cette expression s’est figée dans la langue et fait partie de ces tournures qu’il faut apprendre par cœur, car elles échappent à la logique grammaticale apparente.
En conclusion
La langue française regorge de ces petites exceptions qui rappellent que la grammaire n’est pas toujours logique au premier regard. L’expression « Quelle heure est-il ? » illustre parfaitement comment l’histoire, l’usage et l’évolution linguistique peuvent créer des tournures qui surprennent mais qui font partie intégrante de la richesse de notre langue.
La prochaine fois que vous entendrez cette question, vous saurez pourquoi ce petit « il » mystérieux a résisté au temps et à la logique grammaticale !