Ils font partie de notre quotidien numérique. On les utilise pour mentionner quelqu’un sur les réseaux sociaux, créer des hashtags ou abréger le mot « et ». Ces caractères spéciaux que nous tapons machinalement sur nos claviers ont pourtant des histoires fascinantes qui remontent parfois à plusieurs siècles.

Plongeons dans l’origine méconnue de ces signes particuliers.
@ – L’arobase
Ce symbole, devenu l’emblème du courrier électronique, existait bien avant l’ère numérique. Son nom français « arobase » viendrait de l’arabe « ar-roub » signifiant « le quart », une ancienne unité de mesure. Dans le commerce médiéval, il servait d’abréviation pour indiquer le prix unitaire : « 5 pommes @ 1 franc » signifiait « 5 pommes à 1 franc pièce ».
C’est Ray Tomlinson, ingénieur américain, qui en 1971 a choisi ce symbole pour séparer le nom d’utilisateur et le nom de domaine dans les adresses email. Il cherchait un caractère présent sur les claviers mais rarement utilisé dans les noms. L’arobase, tombée en désuétude, attendait son heure de gloire.
# – Le croisillon ou hashtag
Avant de devenir la star des réseaux sociaux avec les hashtags, ce symbole était connu sous plusieurs noms : dièse, croisillon ou carré. Les Romains l’utilisaient déjà comme abréviation du mot latin « libra » (livre, unité de poids), d’où son autre nom anglais « pound sign ».
Sur Twitter (devenu X), Chris Messina proposa en 2007 d’utiliser ce symbole pour regrouper des conversations sur un même sujet. Sa proposition initiale reçut un accueil mitigé, avant de devenir un élément central de la plateforme et de s’étendre à l’ensemble des réseaux sociaux.
& – L’esperluette
Ce caractère élégant est en réalité une ligature stylisée des lettres « e » et « t » formant la conjonction latine « et ». Les copistes du Moyen Âge, pour économiser le précieux parchemin, créèrent cette abréviation qui devint peu à peu un symbole à part entière.
Son nom français « esperluette » viendrait d’une déformation de « et per se et » (et par lui-même [signifie] et), la formule utilisée par les instituteurs lorsqu’ils enseignaient l’alphabet et qu’ils arrivaient à ce symbole considéré comme la 27e lettre.
% – Le pourcentage
Ce symbole mathématique serait né d’une erreur de typographie. À l’origine, on écrivait « 0/0 » pour indiquer un ratio sur cent. Au fil du temps et des transcriptions manuelles, les « 0 » se seraient transformés en cercles et la barre de fraction aurait été inclinée, donnant naissance au « % » que nous connaissons.
$ – Le dollar
L’origine du symbole du dollar fait débat. La théorie la plus répandue le fait dériver du peso espagnol, noté « Ps », où le P et le S auraient fini par se superposer. D’autres y voient une référence aux colonnes d’Hercule entourées d’une banderole, présentes sur les pièces espagnoles.
Les deux barres verticales auraient progressivement été réduites à une seule par souci de simplicité lors de l’écriture manuscrite.
* – L’astérisque
Du grec « asteriskos » signifiant « petite étoile », ce symbole était utilisé dès l’Antiquité par les copistes pour marquer des passages importants ou signaler des corrections. Son utilisation comme renvoi à une note de bas de page date du Moyen Âge.
En informatique, l’astérisque a pris des significations variées : caractère joker dans les recherches, opérateur de multiplication, ou encore masquage des caractères dans les mots de passe.
Ces signes particuliers que nous utilisons quotidiennement sont les témoins silencieux d’une riche histoire typographique et culturelle. À l’heure où nous communiquons de plus en plus par symboles et émojis, ces caractères spéciaux nous rappellent que l’évolution de notre écriture est un processus continu, où l’ancien et le nouveau se rencontrent sur nos claviers modernes.
La prochaine fois que vous taperez un @, un # ou un &, vous saurez qu’ils portent en eux des siècles d’histoire et d’ingéniosité humaine.