Ce matin-là, devant la gare Saint-Lazare, Marie hésitait. Son train pour Compostelle partait dans une heure, mais une averse matinale transformait les pavés en miroirs luisants. Autour d’elle, d’autres voyageurs scrutaient le ciel avec inquiétude, certains déjà tentés de reporter leur départ.
Pourtant, Marie ajusta son sac à dos et franchit le seuil de la gare. Car elle venait de comprendre ce que sa grand-mère répétait souvent : « Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin. »
Cette sagesse populaire traverse les siècles sans prendre une ride. Elle observe une vérité fondamentale : celui qui s’est véritablement engagé dans une voie ne se laisse pas détourner par les premiers obstacles. La pluie matinale, métaphore des difficultés initiales, ne constitue qu’un test préliminaire de la détermination.
Dans nos vies modernes, ces « pluies du matin » prennent mille visages. L’étudiant qui doute avant un concours difficile, l’entrepreneur face aux premiers refus, l’amoureux découragé par un silence initial. Autant de moments où la facilité consisterait à rebrousser chemin.
Mais le proverbe révèle une loi plus profonde : la vraie motivation se reconnaît à sa capacité de résistance aux contrariétés précoces. Car celui qui abandonne au premier nuage n’était peut-être pas fait pour le voyage qu’il prétendait entreprendre.
L’homme décidé, lui, sait que les obstacles initiaux font partie du chemin. Il comprend que la route se mérite dès les premiers pas, et que la pluie du matin annonce souvent les plus beaux soleils.
