Marc a 35 ans et vient de démissionner. Encore. Cinquième entreprise en trois ans, septième ville en une décennie. Ses collègues l’enviaient pourtant : toujours de nouveaux défis, des horizons qui changent, cette liberté de tout plaquer quand l’ennui pointe. « Tu as de la chance de pouvoir bouger comme ça », lui disait souvent sa sœur, installée dans la même maison depuis quinze ans.

Pourtant, ce matin-là, en vidant une fois de plus ses cartons, Marc ressent un étrange vide. Pas d’amis proches à qui confier ses doutes. Pas d’économies substantielles malgré les salaires corrects. Pas de racines, pas de projets à long terme. Autour de lui, les objets familiers mais jamais vraiment installés témoignent d’une existence perpétuellement en transit.

Sa sœur, elle, a vu grandir ses enfants dans le même quartier, cultive son jardin depuis des années, a tissé des liens solides avec ses voisins. Elle connaît le boulanger, le médecin la connaît. Son compte épargne s’étoffe lentement mais sûrement. Elle s’est enracinée.

« Pierre qui roule n’amasse pas mousse » : ce proverbe millénaire capture une vérité que notre époque de mobilité constante tend à oublier. La mousse, métaphore de tout ce qui se construit dans la durée – relations, expertise, patrimoine, réputation – ne peut se développer que dans la stabilité.

Le mouvement perpétuel, s’il offre l’illusion de la liberté et de la découverte, empêche paradoxalement l’accumulation de ces richesses invisibles qui donnent du sens à l’existence. Parfois, s’arrêter de rouler permet à la vie de vraiment pousser.

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