L’apostrophe est une figure de style qui consiste à s’adresser directement, souvent avec une exclamation, à une personne, un objet, une idée abstraite ou à soi-même. Cette interpellation permet d’exprimer un sentiment vif ou un besoin urgent de communication. L’apostrophe est marquée par une adresse directe à l’interlocuteur, qu’il soit présent ou absent, réel ou fictif.

Figure de style : l'apostrophe

Caractéristiques de l’apostrophe

Interpellation directe :

L’apostrophe interpelle un destinataire, qu’il soit une personne, un objet, ou une idée. La figure est souvent introduite par des termes comme « Ô » ou des exclamations qui signalent l’urgence de l’appel.

Par exemple, dans la célèbre réplique de Le Cid de Corneille :

« Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie »

Rodrigue interpelle de manière dramatique les concepts de la rage, du désespoir, et de la vieillesse.

Usage théâtral :

L’apostrophe est très fréquente au théâtre car elle permet aux personnages d’exprimer directement leurs pensées ou émotions, souvent dans des monologues.

Dans le monologue d’Harpagon dans L’Avare de Molière, l’apostrophe prend un tour comique lorsqu’il s’adresse d’abord à un voleur imaginaire, puis finit par se parler à lui-même :

« Ah, c’est moi ! ».

Exclamation emphatique :

L’apostrophe permet d’exprimer une émotion forte, que ce soit la colère, le désespoir, la joie ou la surprise. Parfois, elle prend la forme d’une prière ou d’une supplication, notamment dans des contextes littéraires ou dramatiques, comme dans les invocations aux dieux dans les tragédies grecques.

Exemples d’apostrophe

La Fontaine :

Dans Le Corbeau et le Renard, La Fontaine utilise l’apostrophe pour faire parler Renard au Corbeau de manière flatteuse :

« Eh ! Bonjour ! Monsieur du Corbeau ! Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! ».

Cette adresse directe accentue la manipulation du Renard pour tromper le Corbeau.

Molière :

Dans L’Avare, Harpagon, le personnage principal, crie :

« Au voleur ! Au voleur ! À l’assassin ! »

s’interpellant lui-même dans une confusion comique qui montre l’ampleur de son obsession pour son argent.

Corneille :

Dans Le Cid, Rodrigue s’adresse à des abstractions comme la rage et le désespoir pour exprimer son tourment intérieur :

« Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie »

Cette interpellation dramatise le monologue et renforce l’intensité de ses émotions.

Baudelaire :

Le poète interpelle directement son lecteur dans Les Fleurs du Mal :

« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ! »

en se plaçant sur un pied d’égalité avec lui, créant une relation à la fois accusatrice et complice.


L’apostrophe est une figure de style qui permet de dynamiser le discours en s’adressant directement à un interlocuteur, qu’il soit réel ou imaginaire, animé ou inanimé. Elle amplifie l’émotion exprimée et engage le lecteur ou le spectateur en créant une interaction directe. Utilisée dans des contextes littéraires, théâtraux, ou poétiques, elle permet de renforcer l’impact des sentiments exprimés, qu’ils soient de l’ordre du drame, de la comédie, ou de la réflexion philosophique.

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