L’accusatif d’objet interne est une figure de style qui met en relation un verbe et son complément d’objet direct, tous deux dérivés de la même racine étymologique. Cette construction redondante et étymologique crée une sorte d’écho interne qui renforce l’idée ou l’action exprimée par le verbe.
Définition de l’accusatif d’objet interne
L’accusatif d’objet interne est une figure issue de la grammaire latine, où le verbe prend comme complément d’objet un nom qui a la même racine. Il s’agit souvent d’une manière poétique ou stylistique de renforcer la notion d’accomplissement total ou d’intensité, en répétant l’idée véhiculée par le verbe à travers un nom.
Exemple :
« Vivre sa vie »
Ici, le verbe vivre et son complément vie appartiennent à la même racine étymologique, créant un effet de redondance interne. Que peut-on vivre, sinon sa vie ? Cette construction souligne l’exhaustivité de l’expérience de vivre.
Exemples littéraires
L’accusatif d’objet interne est souvent utilisé dans la littérature pour ajouter une dimension poétique ou emphatique. On le retrouve chez de nombreux auteurs classiques et modernes :
Saint-John Perse dans Éloges :
« siffler un sifflement si pur »
Giono :
« l’air gémissait un gémissement sans fin »
Verlaine dans Romances sans Paroles :
« cent tours mille tours »
Anouilh dans Antigone :
« jouer au jeu difficile de conduire les hommes »
Ces exemples montrent comment cette figure permet de créer une répétition élégante et un renforcement de l’idée, ajoutant à l’effet sonore et à l’impact du texte.
Variantes de l’accusatif d’objet interne
Au fil du temps, cette figure de style a évolué pour inclure des constructions où le verbe et son complément ne partagent pas exactement la même racine, mais restent étroitement liés par le sens. Par exemple :
Victor Hugo :
« trembler la fièvre »
Chateaubriand :
« dormir d’un sommeil pesant »
Dans ces cas, bien que les morphèmes du verbe et du complément soient différents, l’idée d’une relation étroite entre l’action et son objet est maintenue.
L’accusatif d’objet interne, loin d’être une simple redondance, enrichit le discours en résonnant poétiquement et en amplifiant le sens des mots. Utilisée depuis l’Antiquité latine jusqu’aux écrivains modernes, cette figure de style confère à la langue un pouvoir d’évocation unique, où l’action et l’objet se fondent en une seule idée.