Dans les couloirs feutrés de l’entreprise, Marc fulminait. Promu depuis peu au poste de directeur commercial, il avait décidé de révolutionner les méthodes de travail héritées de son prédécesseur. Réunions quotidiennes obligatoires, nouvelle procédure de validation des devis, restructuration complète des équipes : tout devait changer, et vite.

Seulement voilà, l’ancienne directrice générale, Françoise Dubois, soixante-trois ans d’expérience et une réputation de fer dans le secteur, n’entendait pas les choses de cette oreille. Chaque proposition de Marc se heurtait à un mur de résistance poli mais inébranlable. Les collaborateurs, pris entre deux feux, naviguaient prudemment entre les exigences du nouveau directeur commercial et l’autorité naturelle de leur patronne historique.

Au bout de trois semaines d’escarmouches stériles, Marc comprit enfin ce que lui murmurait discrètement sa secrétaire : « Contre le tonnerre ne pète. » La sagesse populaire, avec sa crudité imagée, venait de lui administrer une leçon d’humilité. Face à une force de la nature – qu’elle soit climatique ou humaine – les gesticulations les plus bruyantes ne font que révéler leur dérisoire faiblesse.

Ce proverbe, dans sa vulgarité assumée, porte une vérité universelle que chaque génération redécouvre à ses dépens : il existe des puissances contre lesquelles la révolte individuelle n’est qu’agitation vaine. Que ce soit l’autorité naturelle d’un leader respecté, la force d’un système établi ou simplement les lois de la nature, certaines batailles ne se gagnent pas à coups d’éclats.

Marc finit par adopter une approche plus subtile, proposant ses réformes par touches progressives, en s’appuyant sur l’expérience de Françoise plutôt qu’en s’y opposant frontalement. Parfois, la vraie force consiste à savoir quand ne pas lutter.

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