Dans ce texte, Voltaire expose les coûts astronomiques associés au siège d’une grande ville, en prenant l’exemple du siège de Turin en 1706.
À travers une liste détaillée des équipements et munitions nécessaires pour assiéger une ville, l’auteur met en évidence l’ampleur des dépenses engagées dans de telles opérations militaires.
Texte : Ce que coûte le siège d’une grande ville
La ville de Turin était assiégée en 1706 par 46 escadrons et 100 bataillons commandés par le duc de La Feuillade. On avait fait venir 140 pièces de canon; et il est à remarquer que chaque gros canon revient à environ 2 000 écus. Il y avait 110 000 boulets, 106 000 cartouches d’une façon et 300 000 d’une autre, 21 000 bombes, 27 500 grenades, 15 000 sacs de terre, 30 000 instruments pour la mine, 1 200 000 livres de poudre. Ajoutez à ces munitions le plomb, le fer et le fer-blanc, les cordages, tout ce qui sert aux mineurs, le soufre, le salpêtre, les outils de toute espèce. Il est certain que les frais de tous ces préparatifs de destruction suffiraient pour fonder et pour faire fleurir la plus nombreuse colonie. Tout siège de grande ville exige ces frais immenses; et quand il faut réparer chez soi un village ruiné, on le néglige.
VOLTAIRE
Le récit de Voltaire illustre de manière frappante la lourdeur financière impliquée dans le siège d’une grande ville, mettant en évidence le gaspillage de ressources considérables pour des actes de destruction. Cette réflexion souligne l’absurdité et les conséquences économiques désastreuses des conflits armés, incitant à une réévaluation des priorités et à une recherche de solutions pacifiques aux différends internationaux.