L’hypotypose est une figure de style qui consiste à peindre une scène de manière si vivante et détaillée que le lecteur ou l’auditeur a l’impression de la voir se dérouler sous ses yeux. Par la précision des descriptions et la force des images, cette figure produit un effet de saisissement, presque comme si la scène devenait palpable ou tangible. Elle peut être employée dans la littérature, le théâtre, ou même dans la narration quotidienne pour créer une impression intense et immédiate.

Figure de style : l’hypotypose

Des descriptions riches et précises :

L’hypotypose s’appuie sur une description minutieuse des détails concrets. Les scènes, les personnages, les actions sont décrits avec une telle précision que le lecteur est transporté sur les lieux de l’action. Cela permet d’intensifier l’effet dramatique et de rendre la scène presque visuelle.

Exemple dans Phèdre de Racine :

« L’essieu crie et se rompt : l’intrépide Hippolyte
Voit voler en éclats tout son char fracassé ;
Dans les rênes lui-même, il tombe embarrassé. »

Ici, la scène du char fracassé et d’Hippolyte traîné par ses chevaux est décrite avec une telle intensité que le lecteur ou le spectateur peut presque voir la violence du moment.

Usage du présent de narration :

L’un des procédés stylistiques favoris de l’hypotypose est l’emploi du présent de narration. Cela confère à la scène un effet de simultanéité, comme si elle se déroulait sous les yeux du lecteur ou du spectateur à l’instant même où elle est racontée. L’action devient immédiate, créant une proximité avec l’auditoire.

Exemple dans Andromaque de Racine :

« Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ;
Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants,
Entrant à la lueur de nos palais brillants… »

Le verbe « figure-toi » est utilisé pour inviter le lecteur à imaginer la scène avec une vivacité presque réelle.

Un réalisme intense et des images frappantes :

Les images sont souvent très évocatrices, avec des superlatifs, des détails précis, et une accentuation des éléments dramatiques. L’objectif est de frapper l’imaginaire du lecteur en lui offrant des visions saisissantes. On parle souvent d’un effet hallucinatoire tant les scènes décrites semblent se matérialiser devant nous.

Exemple dans le récit de Théramène dans Phèdre :

« J’ai vu, Seigneur, j’ai vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux que sa main a nourris.
Il veut les rappeler, et sa voix les effraie ;
Ils courent ; tout son corps n’est bientôt qu’une plaie. »

La répétition de « J’ai vu » amplifie le sentiment de témoignage direct, accentuant l’effet de réalisme et d’immédiateté.

Un effet dramatique puissant :

L’hypotypose est souvent utilisée dans des contextes de grande intensité émotionnelle, comme des scènes de guerre, de mort, ou de tragédie, où l’on souhaite provoquer chez le lecteur ou spectateur un choc émotionnel. Cette figure permet de recréer ces scènes avec une force saisissante, rendant l’expérience littéraire ou théâtrale encore plus marquante.


L’hypotypose est une figure puissante qui donne vie aux scènes narratives, grâce à des descriptions précises et une forte charge émotionnelle. Utilisée avec efficacité dans le théâtre de Racine, elle permet de pallier les contraintes du théâtre en dépeignant des scènes trop violentes pour être montrées directement. L’écriture devient alors une véritable peinture, plaçant les événements directement sous les yeux du public et leur donnant une force immersive inégalée.

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