L’homéotéleute est une figure de style qui se caractérise par la répétition d’une même terminaison sonore à la fin de plusieurs mots ou phrases. Son nom vient du grec homoios, signifiant « même », et teleutè, signifiant « fin ». Cette figure joue sur la répétition des mêmes terminaisons, mais contrairement à la rime, elle se distingue par l’uniformité morpho-syntaxique des mots, c’est-à-dire que ces mots appartiennent à la même catégorie grammaticale et partagent une terminaison identique.
Définition de l’homéotéleute
L’homéotéleute consiste en la répétition de mêmes sonorités finales dans une série de mots qui ont généralement la même fonction grammaticale (adjectifs, verbes, substantifs, etc.). Elle n’est pas à confondre avec la rime poétique, car elle ne concerne pas nécessairement des vers et s’applique aussi bien à la prose qu’à la poésie.
Exemples d’homéotéleute
Louise Attaque – Fatigante :
« Elle est fatigante, intelligente, intéressante, et attirante, fatigante, négligente, et excitante, désespérante… »
Dans cet extrait, la répétition des adjectifs en -ante crée un effet d’accumulation et d’insistance, soulignant les multiples facettes du caractère évoqué.
Raymond Queneau – Exercices de style :
« Un jour de canicule sur un véhicule où je circule, gesticule un funambule au bulbe minuscule, à la mandibule en virgule et au capitule ridicule. »
Ici, Queneau joue avec les sonorités finales en -ule, produisant un effet comique et ludique. Cette accumulation d’homéotéleutes donne une musicalité particulière au texte.
Victor Hugo – Les Châtiments :
« Plus de trône, plus d’archevêque, plus d’estrade, plus de roi, plus de président ! »
Bien que les mots aient des significations différentes, la répétition de plus de crée un effet de martèlement et de renforcement de l’idée d’absence ou de disparition.
Le rôle de l’homéotéleute
L’homéotéleute est souvent utilisée pour créer une musicalité dans le texte ou pour renforcer une idée par l’effet d’accumulation et de répétition. Dans la prose, elle peut donner un rythme particulier à une phrase, tandis que dans la poésie, elle peut renforcer l’effet sonore tout en mettant en valeur les éléments de sens.
Cette figure de style peut également jouer un rôle humoristique ou satirique, comme chez Queneau, en utilisant la répétition pour souligner l’absurdité ou l’exagération. De plus, elle peut renforcer l’expressivité d’un discours, en marquant les esprits par des répétitions sonores reconnaissables.
Exemples supplémentaires
Jean de La Fontaine – Les Fables :
« Chacun se dit ami ; mais fou qui s’y repose :
Rien n’est plus commun que ce nom,
Rien n’est plus rare que la chose. »
Ici, l’homéotéleute se situe dans la répétition des mots nom et chose, marquant un contraste entre l’apparence et la réalité.
François Rabelais – Gargantua :
« Les mots comme hurlants, flammants, battants, soufflants, brûlants… »
Dans cet exemple, Rabelais joue avec les participes présents en -ant pour créer une énumération rythmée qui exprime le dynamisme et la vivacité.
L’homéotéleute est une figure de style qui apporte une musicalité au texte par la répétition de mêmes terminaisons. Elle peut être utilisée à des fins esthétiques, comiques, ou pour insister sur certaines idées, et se retrouve aussi bien dans la prose que dans la poésie. Grâce à la répétition sonore, elle capte l’attention et peut marquer l’esprit des lecteurs par sa régularité et son effet d’accumulation.