Le kakemphaton est une figure de style qui se caractérise par la rencontre accidentelle de sons ou de séquences phonétiques dont l’une est incongrue ou désagréable à l’oreille. Cette cacophonie involontaire donne parfois lieu à des énoncés ridicules, cocasses, voire absurdes, où l’équivoque phonétique rend le discours involontairement comique.
Définition du kakemphaton
Le kakemphaton provient du grec ancien kakos (mauvais) et emphaton (qui sonne). Cette figure consiste en la juxtaposition de mots ou de segments dont les sons s’entrechoquent de manière peu harmonieuse, créant une dissonance phonétique. Si cette discordance n’est pas toujours intentionnelle, elle peut provoquer un effet comique ou ridicule.
Exemples de kakemphaton
Charles-Victor Prévot d’Arlincourt :
« Sur le sein de l’épouse, il écrasa l’époux » (les poux ?)
Dans cet exemple, l’équivoque entre l’époux et les poux introduit un effet comique et malheureux.
Corneille :
« Et le désir s’accroît quand l’effet se recule » (les fesses reculent).
La similarité phonétique entre l’effet et les fesses prête à confusion et rend la phrase involontairement risible.
« Je suis romaine, hélas, puisque mon époux l’est » (poulet).
Ici, la fin de la phrase peut être mal interprétée, créant une confusion amusante avec le mot poulet.
Alphonse Allais :
« Je ne sais comment vous pûtes ;
Ah ! Fallait-il que je vous visse ;
Fallait-il que vous me plussiez ! »
Dans ces vers, les formes verbales archaïques et la répétition des sons u et i créent une dissonance peu agréable à l’oreille, même si grammaticalement correctes.
Utilisation du kakemphaton
Le kakemphaton peut survenir involontairement dans la langue courante ou la littérature, créant des effets comiques ou dérangeants. Certains écrivains ou humoristes, conscients de cette figure, l’utilisent à dessein pour provoquer le rire ou souligner le ridicule d’une situation. Cependant, lorsqu’il est accidentel, le kakemphaton peut compromettre l’élégance d’un discours ou d’un texte.
Cette figure, souvent évitée en raison de sa maladresse sonore, peut néanmoins avoir un impact mémorable lorsqu’elle est délibérément exploitée dans la satire ou l’humour.
Le kakemphaton est une figure de style qui met en lumière les maladresses phonétiques du langage, qu’elles soient intentionnelles ou non. Bien que ces rencontres malheureuses de sons puissent prêter à rire, elles rappellent que la sonorité des mots et leur agencement sont aussi importants que leur sens. Que ce soit dans la littérature, l’expression orale ou les jeux de mots, le kakemphaton, bien qu’involontairement disgracieux, témoigne de la richesse et des pièges du langage.