L’anacoluthe est une figure de style marquant une rupture dans la construction syntaxique d’une phrase. Elle consiste à changer brusquement de sujet ou de construction en cours de phrase, créant une discontinuité qui peut surprendre le lecteur. Le mot vient du grec an (privatif) et akolouthos (qui suit), signifiant littéralement « sans suite ». Cette figure traduit souvent une pensée pressée, voire désorganisée, où l’élan de l’idée l’emporte sur la rigueur grammaticale.

Figure de style : l’anacoluthe

Définition de l’anacoluthe

L’anacoluthe intervient lorsque la phrase commence d’une manière et se termine d’une autre, rompant ainsi la continuité logique ou grammaticale. Ce procédé, qui peut sembler être une erreur de construction, est en réalité un choix stylistique destiné à traduire un changement abrupt dans la pensée ou à exprimer une émotion vive.

Exemples d’anacoluthe

Quelques exemples concrets pour illustrer cette figure de style :

« Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé » – Félix Leclerc, Moi, mes souliers

Dans cet exemple, la phrase commence avec « Moi », ce qui laisse penser que le sujet de la phrase sera la personne qui parle, mais elle se termine en changeant de sujet, se focalisant sur « mes souliers ».

« Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »
– Charles Baudelaire, L’Albatros

Ici, l’adjectif « exilé » semble grammaticalement lié à « ses ailes », mais il décrit en réalité le poète, créant une rupture dans la construction qui reflète le déchirement intérieur de l’albatros et du poète.

« Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face de la terre aurait changé. » – Blaise Pascal

Dans cet exemple souvent cité, Pascal commence en parlant du nez de Cléopâtre, mais la phrase se termine de manière inattendue, ce qui crée une rupture dans la construction logique.

Le rôle de l’anacoluthe dans la langue

L’anacoluthe est souvent utilisée par les grands auteurs pour exprimer une pensée qui va plus vite que la syntaxe ne le permet. Elle peut traduire une émotion forte, une réflexion complexe, ou un changement soudain d’idée. Cette rupture syntaxique n’est pas un défaut, mais une manière de capter l’attention du lecteur et de refléter la spontanéité ou l’intensité de l’expression.

Pourquoi éviter l’anacoluthe ?

L’anacoluthe est une figure délicate qui, mal maîtrisée, peut rendre une phrase confuse ou maladroite. C’est pourquoi les écrivains débutants sont souvent invités à l’éviter, sauf s’ils la maîtrisent bien. Elle demande une grande aisance avec la langue pour être utilisée avec succès, sans donner l’impression d’une faute de construction.


L’anacoluthe est une figure de style qui repose sur une rupture grammaticale ou syntaxique, traduisant souvent une pensée spontanée ou une émotion. Si elle peut sembler chaotique ou désordonnée, elle est en réalité un outil puissant dans les mains d’un écrivain expérimenté, permettant de créer des effets expressifs uniques. Cependant, elle doit être maniée avec précaution pour ne pas nuire à la clarté du discours.

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