L’allitération est une figure de style qui consiste à répéter une même sonorité consonantique dans des mots proches ou successifs, généralement au début des mots. Cette répétition crée des effets sonores variés qui peuvent évoquer des émotions, renforcer une ambiance ou apporter une musicalité au texte.

Figure de style : l'allitération

Définition de l’allitération

L’allitération repose sur la répétition volontaire d’un son consonantique à des intervalles rapprochés dans une phrase ou un vers. Ce procédé joue un rôle d’amplification et permet d’accentuer un mot ou un sentiment, de renforcer une idée, ou encore de donner un rythme particulier à la phrase.

Exemples d’allitération

Serge Gainsbourg, Sea, Sex and Sun :

« Sea, sex and sun… »

Dans cette chanson, la répétition de la consonne s produit une sonorité sifflante, accentuant le caractère suggestif et sensuel de la chanson.

Jean Racine, Andromaque :

« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? »

Ici, la répétition du son s renforce l’image des serpents, en mimant leur sifflement, et ajoute une atmosphère de menace et d’angoisse.

Claude Roy :

« Dans son sommeil glissant l’eau se suscite un songe. »

L’allitération en s crée une sensation de douceur et de fluidité, en harmonie avec l’image de l’eau glissant doucement dans un rêve.

Boby Lapointe :

« Ta Katie t’a quitté : Tic tac, tic tac. »

Dans cet extrait, l’allitération en t imite le tic-tac d’une horloge, symbolisant l’écoulement du temps et la rupture.

Baudelaire :

« Oh ! Que ma quille éclate ! Oh ! Que j’aime à la mer ! »

Ici, la répétition des sons gutturaux k et q renforce l’intensité dramatique du vers, créant une sensation d’explosion et de puissance.

Rimbaud, Ophélie :

« Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys.
»

L’allitération en l apporte une fluidité et une légèreté qui renforcent l’image poétique d’Ophélie flottant doucement sur l’eau.

René de Obaldia :

« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin. »

Ici, la répétition du son g imite le cri plaintif du geai, accentuant l’aspect étrange et incongru de la scène.

Utilisation de l’allitération

L’allitération est fréquemment utilisée dans la poésie, la littérature, les slogans publicitaires ou les chansons. Elle permet de :

Souligner une idée ou une émotion :

En répétant une même consonne, on insiste sur l’émotion ou l’image évoquée (exemple : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?).

Créer un rythme ou une musicalité :

La répétition de sons produit une cadence qui donne du relief à un texte, comme dans les exemples de Gainsbourg ou de Rimbaud.

Imiter un son ou une action :

Comme avec les consonnes sifflantes qui imitent le sifflement des serpents ou le tic-tac de l’horloge chez Boby Lapointe.

Effets des différentes sonorités

  • Les sifflantes (comme s, z) : Elles peuvent évoquer la douceur, mais aussi la menace, comme dans les vers de Racine.
  • Les dentales (comme t, d) : Elles créent souvent un effet dynamique et rapide, comme dans l’exemple de Boby Lapointe.
  • Les gutturales (comme k, g) : Ces sons plus durs ajoutent de l’intensité, souvent dans un contexte dramatique ou de puissance, comme chez Baudelaire.
  • Les liquides (comme l, r) : Elles apportent de la fluidité et de la légèreté, souvent associées à des images de douceur ou de flottement, comme chez Rimbaud.

L’allitération est une figure de style qui joue sur les sonorités consonantiques pour produire des effets d’écho, de musicalité, ou de mimétisme. En répétant un même son, elle peut rendre un texte plus vivant, plus rythmé ou plus évocateur, faisant de la langue un instrument subtil pour exprimer des émotions ou illustrer des actions.

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