La prolepse est une figure de style qui consiste à placer en début de phrase un mot ou une idée pour la mettre en avant, souvent suivi d’une reprise par un pronom. En jouant ainsi avec la syntaxe, la prolepse permet de valoriser un élément spécifique du discours, créant un effet d’emphase.

Figure de style : la prolepse

Définition de la prolepse

Le terme prolepse vient du grec pro (« avant ») et lambano (« prendre »), signifiant littéralement « prendre et mettre devant ». Cette figure consiste à extraire un mot ou un groupe de mots de la proposition à laquelle il appartient pour le placer en tête de phrase, avant de le reprendre plus tard par un pronom ou une tournure équivalente. L’effet recherché est d’attirer l’attention sur l’élément mis en avant.

Exemples de prolepse

Série télévisée Mission impossible :

« Cette mission, si vous l’acceptez… »

Dans cet exemple, le mot « mission » est placé en tête de phrase pour créer un effet d’emphase et de suspense, avant de développer l’idée avec le reste de la phrase. La prolepse met l’accent sur l’importance de la mission avant même de connaître les détails.

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit :

« Moi d’abord, la campagne […], j’ai jamais pu la sentir. »

Céline commence sa phrase avec « Moi d’abord, la campagne », en mettant en avant l’élément sur lequel il souhaite insister, ici « la campagne ». Le pronom « la » reprend ce terme plus tard dans la phrase, confirmant ainsi l’emphase initiale.

Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit :

« Elle m’en a filé, des conseils. »

Ici, Céline utilise une prolepse inversée : il termine sa phrase par le terme qu’il met en avant, « des conseils », après avoir utilisé le pronom « en » pour l’annoncer. Cet ordre inversé crée un effet de suspension avant de dévoiler ce qui est vraiment mis en avant.

Exemple de grammaire grecque :

« Philippe qu’il est mort. »

Cet exemple classique de la grammaire grecque illustre la prolepse en mettant le sujet « Philippe » en tête de phrase, avant de le reprendre par le pronom « il » dans le reste de l’énoncé. Cela accentue le fait que la nouvelle concerne directement Philippe.

Les effets de la prolepse

La prolepse est avant tout une figure d’emphase. En mettant un mot ou une idée en tête de phrase, elle attire l’attention du lecteur ou de l’auditeur sur cet élément particulier, le rendant plus mémorable. Cette figure est fréquemment utilisée en littérature, en rhétorique et même dans le langage courant pour accentuer l’importance d’une idée ou d’un sujet.

Les effets principaux de la prolepse sont :

L’emphase :

La prolepse valorise un mot ou une idée en la plaçant en avant, soulignant son importance.

Le suspense :

Lorsqu’un élément est introduit avant d’être développé, cela crée un effet de suspense qui capte l’attention.

L’efficacité rhétorique :

En isolant un terme ou une idée, la prolepse renforce l’impact de l’énoncé, ce qui en fait un outil puissant en argumentation.


La prolepse est une figure de style subtile mais efficace, utilisée pour créer de l’emphase et attirer l’attention sur des éléments clés d’une phrase. Que ce soit dans les œuvres littéraires de Céline, dans des exemples de grammaire grecque, ou dans des dialogues populaires comme ceux de Mission impossible, elle permet de dynamiser le discours et de rendre certains éléments plus percutants. Son utilisation, souvent liée à l’art oratoire, reflète une maîtrise des structures syntaxiques pour capter l’intérêt et l’imagination du lecteur ou de l’auditeur.

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