L’exercice des à-peu-près repose sur des jeux de mots malicieux, basés sur la proximité sonore entre des expressions ou des termes, souvent détournés de leur sens original pour créer un effet humoristique, ironique, voire trivial. Ces glissements phoniques transforment une phrase connue en une version parfois absurde, mais reconnaissable grâce à la ressemblance sonore.
Définition des à-peu-près
Un à-peu-près est une figure de style où une locution ou un mot est remplacé par un autre, semblable phonétiquement, mais totalement différent en termes de signification. Ce phénomène linguistique repose sur des associations auditives erronées mais compréhensibles.
Exemples d’à-peu-près
Les exemples suivants montrent des cas célèbres d’à-peu-près qui jouent sur la sonorité des mots :
« Vieux comme mes robes » pour vieux comme Hérode
« Rire à gorge d’employé » pour rire à gorge déployée
« Pousser des cris d’orfèvre » pour cris d’orfraie
« Être riche comme Fréjus » pour riche comme Crésus
Ces transformations ajoutent souvent une touche humoristique, en modifiant le sens de l’expression originale d’une manière incongrue ou absurde.
Les à-peu-près dans la littérature
Des écrivains et artistes, comme les Surréalistes, ont su exploiter cette figure de style pour créer des jeux de langage, comme avec le proverbe détourné « Qui trop embrasse manque le train » à partir de « Qui trop embrasse mal étreint ». Cette pratique devient un moyen d’explorer la plasticité de la langue et de subvertir les attentes du lecteur ou de l’auditeur.
Jean Tardieu, par exemple, dans sa pièce Un mot pour un autre, propose un usage intensif de ce procédé, transformant des phrases simples en énoncés méconnaissables mais toujours évocateurs :
« Depuis combien de trous, depuis combien de galets, n’avais-je pas eu le mitron de vous sucrer ! »
Ici, le jeu de mots remplace les termes d’une lettre avec des mots proches phoniquement, perturbant ainsi la communication tout en gardant une certaine logique sous-jacente.
Les à-peu-près dans les médias
Les journaux satiriques ou humoristiques, tels que Libération ou Le Canard Enchaîné, sont adeptes de titres accrocheurs basés sur des à-peu-près :
- « Lady dies » en référence à la mort de Lady Diana
- « Quel an foiré ! » pour faire référence à une année difficile et au scandale Benalla sous la présidence de Macron.
Les à-peu-près font partie des nombreux jeux de langage qui exploitent les ressources sonores et sémantiques de la langue pour détourner le sens des mots de manière ludique ou critique. Utilisés à bon escient, ils peuvent susciter l’humour, la réflexion ou simplement la surprise, tout en montrant à quel point le langage peut être flexible et malléable.